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Un budget « pour un Québec fort », sans investir dans la nature?

Le 25 mars 2025, le ministère des Finances du gouvernement du Québec a présenté son budget 2025-2026 « pour un Québec fort ». Moins d’un an après l’annonce du Plan Nature, la vision du gouvernement québécois semble reléguer au deuxième plan la protection de la biodiversité du territoire québécois et la résilience des écosystèmes. Pourtant, investir dans la nature, c’est aussi investir dans notre économie, alors que cette dernière repose sur une nature en santé et sur les multiples services écosystémiques qu’elle offre à l’humanité. Alors que certains bons coups sont à souligner, un manque de courage politique demeure. 


La biodiversité : un investissement et une intégration limités


La biodiversité s’est vue accorder un financement discret et nettement insuffisant pour matérialiser les objectifs du Plan nature, qui doit pourtant être guidé par l’ambition de freiner et inverser le déclin de la biodiversité sur le territoire québécois d’ici 2030. 


Sur un budget de près de 12,3 milliards, le financement de la biodiversité représente une fraction minime, bien que la biodiversité, la nature et la santé de nos écosystèmes soient à la base de l’économie. Si 5,4 milliards sont alloués à la création de richesse, on oublie que la biodiversité en elle-même constitue une immense richesse.


Certains des montants alloués à la nature :

  • 100 millions pour la poursuite du Plan d’agriculture durable 2020-2030 

  • 60,3 millions pour la mise en œuvre de la Politique bioalimentaire 2025-2030

  • 52,1 millions sur 3 ans pour la diversification et l’innovation de l’industrie forestière 

  • 42 millions pour le Programme d’Investissement Croissance durable de la Financière agricole du Québec

  • 39,6 millions pour la protection de la biodiversité à travers le territoire québécois 

  • 36,5 millions sur 2 ans pour le renouvellement du programme d’arrosage aérien d’insecticide biologique

  • 27,4 millions pour la gestion et à mise en valeur de la faune par les communautés autochtones


Bien que nous reconnaissions qu'il est valide et nécessaire d’investir dans les entreprises québécoises, encore faut-il les équiper pour qu'elles fassent partie de la solution face aux grands enjeux auxquels notre monde et nos économies font face. En adoptant une vision de profit à court terme, nous fragilisons notre résilience environnementale, sociale et économique à long terme et passons à côté de l’opportunité de prioriser des solutions structurantes. Nous semblons considérer la nature comme un coût, réduisant les dépenses en période de crise, alors que nous devrions la voir comme un investissement.


Le temps presse pour mettre en œuvre le Plan nature


L’atteinte des objectifs du Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal et du Plan nature à l’horizon 2030 requiert des investissements substantiels permettant de traduire ses orientations en actions concrètes, tangibles et porteuses, suivant un plan d’action intersectoriel, bien ficelé, ambitieux et qui mobilise l’ensemble des secteurs et des paliers de gouvernement.


L’atteinte des objectifs repose sur une vision intersectorielle, capable de reconnaître que la biodiversité est la base de nos sociétés, de notre économie, de notre culture, de notre santé et de notre bien-être. Cela nécessite un investissement intersectoriel qui intègre la biodiversité dans chaque décision, y compris les choix économiques.


Le non-atteinte des objectifs d’Aichi pour la biodiversité (2010-2020) nous a laissé comme leçon que, si la protection du 30 % du territoire est nécessaire, l’intégration de la biodiversité dans le 70 % restant – et dans les secteurs qui exercent des pressions sur ce 70 % – est cruciale pour atteindre les objectifs.


En espérant une plus grande ambition pour le prochain exercice budgétaire.



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