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Retour sur le Congrès mondial de la nature de l’UICN

Dernière mise à jour : 28 oct.

Du 9 au 15 octobre 2025 s’est tenu le Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), à Abou Dhabi aux Émirats arabes unis. Tenu tous les quatre ans, cet événement d’envergure rassemble des milliers de représentants de tous les secteurs de la société à travers le monde (gouvernements, milieu académique, communautés autochtones, acteurs économiques et financiers, ONG et autres acteurs de la société civile) pour discuter des enjeux majeurs de la conservation de la nature. Notre équipe était présente pour suivre les déroulements et pour participer activement à plusieurs événements et discussions. 


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Crédit photo: ISSD / ENB


Qu’est-ce que l’UICN?

Fondée en 1948, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) est une organisation intergouvernementale rassemblant plus de 1400 membres gouvernementaux et non gouvernementaux ainsi que plus de 15 000 experts provenant de plus de 160 pays. Ses membres se répartissent en plusieurs catégories : 

  • Gouvernements et agences gouvernementales ;

  • Gouvernements infranationaux ; 

  • Organisations non gouvernementales nationales et internationales ;  

  • Organisations de peuples autochtones ; et

  • Personnes expertes.

À titre individuel, les personnes expertes contribuent aux travaux d’une ou de plusieurs des sept commissions expertes de l’UICN. Ces commissions visent à approfondir les connaissances, à formuler des conseils techniques et à promouvoir les meilleures pratiques dans une diversité de thématiques pertinentes pour la conservation de la nature.

L’UICN mobilise ainsi l’ensemble de ses membres pour faire mettre à jour les connaissances disponibles, promouvoir les meilleures pratiques et renforcer les capacités en matière de conservation et d’utilisation durable de la biodiversité. Par exemple, l’UICN a élaboré des standards internationaux en matière de solutions basées sur la nature (SBN) et des standards en matière de conservation. Régulièrement mis à jour en fonction des meilleures données disponibles et des meilleures pratiques, ces standards offrent aux acteurs des cadres de référence de qualité reconnus au niveau international.



L’UICN : un carrefour au croisement de l’action internationale en faveur de la nature 


Le Congrès mondial de la nature s’est inscrit dans un contexte global où la communauté internationale et une diversité d’acteurs à travers le monde cherchent à freiner et même renverser la perte de biodiversité d’ici 2030. Cela étant, le Cadre mondial de la biodiversité Kunming-Montréal adopté par les États membres de la Convention sur la diversité biologique (CDB) en 2022 était aussi au cœur des réflexions et des conversations au Congrès mondial de la nature organisé par l’UICN. 


Les deux autres conventions de Rio, soit celle sur les changements climatiques et celle sur la désertification, mais également le récent Accord sur la diversité biologique marine des zones ne relevant par de la juridiction nationale (Accord BBNJ) et les Objectifs de développement durable (ODD) ont été pris en compte, dans une optique de déployer une action synergique bénéfique pour l’ensemble des aspects de la crise écologique. Saisir ces synergies favoriserait une action environnementale cohérente et l’atteinte de divers objectifs interdépendants à l’horizon 2030, comme les objectifs du Cadre mondial Kunming-Montréal, de l’Accord de Paris et des ODD. 



Des thématiques mobilisant l’ensemble des acteurs et bénéficiant les synergies


Cette année, le Congrès s’est articulé autour de cinq grands thèmes : 

  1. Renforcer l’action pour une conservation résiliente ;

  2. Réduire les risques liés au changement climatique ; 

  3. Promouvoir l’équité et l’inclusion ; 

  4. Favoriser la transition vers des économies positives pour la nature ; et 

  5. Encourager l’innovation ainsi que le leadership en conservation. 


Des secteurs comme la foresterie, l’agriculture, les pêches et le tourisme ont donc été largement abordés, puisque leurs actions ont le potentiel d’impacter, en bien ou en mal, ces cinq grands thèmes. Dans la même logique, les responsabilités des entreprises et du secteur privé ont également suscité un vif intérêt. La posture véhiculée était celle de la collaboration, la cohérence et la synergie entre les actions des acteurs de la société.


L’UICN a même organisé quatre sommets thématiques en vue d’approfondir, en marge du Congrès, la réflexion sur l’action de certains acteurs clés pour la conservation de la nature :

  • Le Sommet mondial de la jeunesse a réuni des jeunes la veille du début du Congrès (8 octobre), mettant la table à celui-ci. Le rôle de la jeunesse dans la conservation était au cœur des discussions. Parmi les principaux constats en émanant, notons la nécessité de renforcer un dialogue intergénérationnel et de faciliter l’accès aux ressources financières pour les jeunes menant des initiatives de conservation.

  • Le Sommet mondial de la philanthropie a rassemblé des acteurs philanthropiques à l’aube du début du Congrès (8 octobre). Ce secteur peut contribuer à rétrécir l’écart entre les ressources financières qui sont actuellement mobilisées et la quantité requise pour atteindre les objectifs de conservation de la biodiversité à l’horizon 2030. 

  • Le Sommet mondial des Peuples autochtones et de la nature s’est tenu en parallèle du Congrès (8 au 10 octobre). En plus de mettre en évidence le rôle majeur que jouent les Peuples autochtones dans la conservation de la nature, un des principaux constats émanant de ce sommet correspond à la nécessité de mettre les Peuples autochtones au centre du processus d’élaboration des plans nationaux et internationaux dans le domaine de la conservation de la nature. 

  • Le Sommet mondial des entreprises, également tenu en parallèle du Congrès (10 au 13 octobre) s’est concentré sur les efforts requis de la part des secteurs privé et financier afin de favoriser la transition vers des économies aux impacts positifs sur la nature et l’atteinte des objectifs de conservation. 



Le Canada et le Québec répondent présents


En tant que membres de l’UICN, les gouvernements du Canada et du Québec étaient présents au Congrès mondial de la nature. Du côté fédéral, Parcs Canada, parmi d’autres institutions canadiennes présentes telles que le ministère des Ressources naturelles, représentait le gouvernement fédéral. Des membres canadiens issus des catégories de membres non gouvernementaux, comme Canards illimités et Conservation de la nature Canada (CNC), étaient également présents. Le comité canadien de l’UICN (CCUICN), qui représente le chapitre canadien de l’UICN, rassemble des organisations, des membres de la société civile et des représentants des Premières Nations engagés pour la protection de la biodiversité au Canada et suivant, de près ou de loin, les travaux de l’UICN.


Le Québec était aussi représenté par une variété d’acteurs. D’une part, le gouvernement du Québec participait pour la première fois au Congrès sous la nouvelle catégorie de membres dédiée aux gouvernements infranationaux. Suivi par la Californie, le Québec est le premier gouvernement d’Amérique du Nord à adhérer à cette nouvelle catégorie de membres. D’autre part, d’autres acteurs québécois, comme des membres non gouvernementaux – dont Nature Québec, le Réseau de milieux naturels protégés (RMN) et le Réseau national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) –, des experts de commissions, des ONG et une délégation de jeunes étaient également présents. 



Les initiatives du Canada, du Québec et de notre organisme


En plus d’être présents pour voter sur les motions, les gouvernements et organisations du Canada et du Québec étaient sur place pour mettre de l’avant leurs initiatives.


Au Pavillon du Canada, animé par Parcs Canada, plus d’une vingtaine d’événements ont porté sur le rôle des peuples autochtones, les innovations en matière de conservation — comme les solutions basées sur la nature (SBN) et les autres mesures de conservation efficaces (AMCE) — ainsi que les innovations réglementaires, la mobilisation et l’éducation. Un nouveau centre d’éducation fondé sur la nature a été lancé, et le Canada a célébré le succès de l’initiative #NatureForAll.


La délégation québécoise, représentée par le MELCCFP et le sous-ministre Jacob Martin-Malus, a mis en avant le leadership des États infranationaux, notamment par la publication du Plan Nature et la participation au Fonds du Cadre mondial pour la biodiversité Kunming Montréal (GBFF). 


Plusieurs organisations québécoises ont présenté leurs initiatives de conservation et de collaboration, tout en faisant front commun lors du vote des motions. Mycosphera, qui a plaidé pour la reconnaissance du règne fongique, et Finance Montréal, qui a mis de l’avant le rôle des acteurs financiers dans le financement de la biodiversité, ont apporté une contribution singulière. Une délégation de jeunes, menée par LOJIQ, était également très impliquée.


Du côté des Ateliers pour la biodiversité, nous avons contribué à trois échanges : 

  • l’écoute et un langage adapté pour mobiliser l’ensemble des acteurs de la société ; 

  • la collaboration entre régions et le rôle des gouvernements infranationaux ; 

  • l’action collective des ONG québécoises pour le Plan Nature.

Ces discussions ont confirmé notre conviction : la transformation passe par la collaboration.

Nous avons aussi participé au Canada Showcase et démontré la portée de nos ateliers aux Pavillons du Canada, du Québec, de la France et des Émirats arabes unis.





Près de 150 motions adoptées


Dans le cadre de l’Assemblée des membres, tenue lors de la dernière journée du Congrès, les membres ont délibéré sur l’ensemble des motions proposées et ont ultimement adopté 148 motions. Les motions permettent aux membres de proposer des priorités, des stratégies et des orientations, que les membres s’efforceront par la suite de concrétiser dans leur sphère d’intervention. Lorsqu’elles sont adoptées, les motions prennent la forme de résolutions et de recommandations qui contribuent à renforcer la coordination et la cohérence des efforts déployés par les membres à travers le monde. 


Les motions suivantes ne représentent que quelques-unes de l’ensemble des motions adoptées 


Ultimement, les motions adoptées devraient influencer les actions menées par les membres gouvernementaux et non gouvernementaux. 



Une vision pour le futur


L’Assemblée des membres a adopté une nouvelle vision stratégique sur vingt ans, sur le thème « unis pour la nature ». À l’horizon 2045, l’UICN entend « influencer, encourager et aider les sociétés à travers le monde à préserver l'intégrité et la diversité de la nature et à garantir que toute utilisation des ressources naturelles soit à la fois équitable et écologiquement durable », conformément à sa mission. Cet engagement se concrétisera principalement par trois axes : 

  1. « Conserver efficacement la biodiversité ; 

  2. Traiter l'interdépendance entre la biodiversité, la géodiversité, l'eau, l'alimentation, la santé et le changement climatique afin de garantir que la nature continue à soutenir toute vie sur la planète ; et 

  3. Promouvoir une société plus juste et plus équitable. »  



Cette vision stratégique s’inscrit dans les efforts qui doivent être déployés pour atteindre les cibles et objectifs du Cadre mondial Kunming-Montréal à l’horizon 2030. Conformément à ce dernier, l’UICN encourage l’ensemble des acteurs de la société et tous les paliers de gouvernance à se mobiliser pour préserver la nature. 


Pour guider les membres dans leurs actions à plus court terme, les membres ont aussi adopté le nouveau Programme quadriennal de l’UICN pour la période 2026-2029, ainsi que l’Abu Dhabi Call to Action, sur le thème d’« une nature, une humanité, un futur ».


Ensemble, la nouvelle vision stratégique à l’horizon 2045 et le programme quadriennal 2026-2029 s’appuient sur quatre piliers : 

  1. « Déployer à grande échelle la conservation inclusive dans les systèmes terrestres, d'eau douce et marins. 

  2. Intégrer la nature dans les secteurs en pleine transformation, des systèmes alimentaires à l'économie bleue. 

  3. Intégrer des approches fondées sur l'équité et les droits, en particulier pour les peuples autochtones et les communautés locales (PACL), les femmes et les jeunes. 

  4. Lier les résultats écologiques à la justice sociale et au bien-être humain. »

Finalement, l’Assemblée des membres a aussi procédé à l’élection de certains postes, comme ceux de conseillers régionaux, conseillers autochtones, présidents des commissions, ainsi que les postes à la trésorerie et à la présidence. La présidence sortante, Razon Al Mubarak, a été réélue présidente de l’UICN. 



Des nouvelles publications au profit de la conservation de la nature


Considérant l’importance d’appuyer les efforts de conservation de la nature sur les données les plus récentes et fiables possibles, plusieurs publications de l’UICN ont été mises à jour.


Parmi celles-ci, notons : 


Ces publications constituent des outils pour une variété d’acteurs qui œuvrent dans la protection de la biodiversité, que ce soit au niveau de la conservation, de l’intégration, de la recherche scientifique, de l’élaboration de politiques publiques, de la finance ou de la mobilisation citoyenne. 



Cap sur l’évaluation des progrès en route vers 2030


Les motions, les publications mises à jour, le nouveau programme quadriennal ainsi que la vision stratégique sur vingt ans adoptés par les membres de l’UICN ont le potentiel d’avoir une incidence sur la COP17, qui se tiendra en octobre 2026 en Arménie. La COP17 aura notamment le défi d’évaluer les progrès accomplis en vue d’atteindre les cibles du Cadre mondial Kunming-Montréal. 


Ayant adhéré à l’UICN et à la CDB, le Canada et le Québec devront s’assurer d’être en phase avec leurs engagements auprès de ces deux entités internationales, notamment en mettant en œuvre la Stratégie pour la nature 2030 du Canada et le Plan nature 2030 du Québec. 



 
 
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