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Photo du rédacteurLaura Fequino

En direct de la COP16 de Cali

La mise à jour du 31 octobre complète cet article « en direct ». Nous vous suggérons de suivre notre page et de participer à notre webinaire pour connaître le bilan de la COP16 :

Quels seront les résultats de la COP16?

Nous organisons un webinaire pour en discuter quelques jours après le fin de la COP.

Bilan des négociations de la COP16 de Cali, 6 novembre 8h30 - Inscriptions

[Nos articles vulgarisent des sujets et des négociations complexes. Pour des détails sur les textes de négociation et leurs nuances, veuillez visiter les sites de la CBD et de l'IISD.]


 

Mise à jour du 31 octobre


Une nouvelle coalition mondiale pour la paix avec la nature : un appel pour La vie 

Lors de la deuxième semaine de COP16, la World Coalition for Peace with Nature: a Call for Life a été lancée. Celle-ci a produit une déclaration qui reconnaît plusieurs principes et actions nécessaires pour espérer vivre en harmonie avec la nature, conformément à la vision 2050 du Cadre mondial Kunming-Montréal. Parmi les éléments énumérés, notons, entre autres :

  • La mobilisation de tous les niveaux de gouvernement et de tous les secteurs de la société ;

  • Les interconnexions entre les trois conventions de Rio, c’est-à-dire celles portant respectivement sur la biodiversité, les changements climatiques et la désertification.

  • Le respect des limites planétaires et des capacités des écosystèmes, ainsi que le concept de santé planétaire (One Health) ;

  • La justice environnementale et l’approche fondée sur les droits humains, y compris le droit à un environnement sain ;

  • La prise en compte des différents degrés de vulnérabilité des groupes et des communautés (les femmes, les jeunes, les communautés des pays du Sud et les groupes marginalisés étant parmi les plus vulnérables) ;


Photo par IISD/ENB | Mike Muzurakis


des conversations TOUJOURS difficiles sur le financement et le partage des bénéfices (WGDSI)

Alors qu’il ne reste que quelques heures pour conclure les négociations, les conversations autour de la mobilisation des ressources, des mécanismes financiers et du partage des bénéfices (DSI) demeurent difficiles. Bien que les pays s’entendent sur l’importance de ces deux sujets, on ne s’entend toujours pas sur les modalités. 


Des blocages dans les négociations sur l’article 8 j)

Alors que les négociations portant sur l’article 8 j) concernant les communautés autochtones et leurs savoirs traditionnels se déroulaient plutôt bien, des blocages et des points de discorde se sont exacerbés. À l’extérieur de la salle de négociation sur ce sujet, une grande manifestation s’est formée. Ce n’est que tard dans la soirée du 30 octobre que les Parties ont réussi à s’entendre sur la création d’un nouveau programme de travail relatif à l’article 8 j). A priori, il s’agit d’une victoire pour les communautés autochtones, qui espéraient que le travail entourant l’article 8 j) ne disparaisse pas complètement des travaux de la CDB. Cependant, le consensus n’a toujours pas été trouvé concernant l’établissement d’un organe subsidiaire permanent sur l’article 8 j). La séance portant sur cette question s’est ajournée très tard dans la nuit, vers 1h40 du matin, reportant la suite des négociations au lendemain.


Un autre sujet suscitant des clivages concerne la reconnaissance des groupes afro-descendants, qui ne sont jusqu’à présent pas reconnus comme un groupe au sein de la CDB, contrairement aux « communautés autochtones et locales » (Indigenous Peoples and Local Communities, IPLC).




Des avancées relatives à la biodiversité marine

 

Après près de huit ans de travail, les Parties se sont entendues sur la définition et les nouvelles modalités entourant les zones marines écologiquement ou biologiquement significatives (EBSAs). Cette avancée est perçue par les Parties comme un progrès historique, qui devrait non seulement faciliter la mise en œuvre de la Convention sur la diversité biologique (CDB), mais aussi celle du Cadre mondial pour 2030 et du nouvel accord sur la biodiversité située au-delà des juridictions nationales (l’accord BBNJ, selon son sigle en anglais). On espère que cette percée profitera à la gouvernance des EBSAs entre les différents instruments juridiques traitant de cette question. L’accord BBNJ est ouvert à la signature depuis septembre 2023 et entrera en vigueur une fois qu’un nombre suffisant d’États l’auront ratifié.


Une reconnaissance des différentes valeurs de la nature 

Les Parties ont également salué le travail de l’IPBES concernant la valorisation de la nature. Elles ont souligné l'importance de prendre en compte les différentes valeurs de la nature dans les processus d’évaluation existants et à venir, y compris dans le cadre des évaluations des écosystèmes. De plus, elles ont exprimé la nécessité d'inclure de manière significative les valeurs intrinsèques, relationnelles et instrumentales de la nature dans les processus décisionnels.


LA COP17 en ARMÉNIE

En fin de journée, hier, les Parties ont voté pour que la COP17 de 2026 se tienne en Arménie.


Photo par IISD/ENB | Mike Muzurakis


Dans les corridors

Les négociations qui se prolongent de plus en plus tard constituent une épreuve pour plusieurs délégations, surtout pour celles ayant un nombre limité de négociateurs. Par exemple, l'Uruguay dispose d’un total de quatre négociateurs pour couvrir toute la durée de la COP16. Ainsi, les petites délégations (souvent celles des pays du Sud global) font face à des horaires extrêmement chargés et risquent davantage d’être désavantagées dans les négociations en raison de ressources humaines limitées, sans parler de la fatigue qui s'accumule au fil des deux semaines de négociations.


Les regards se sont également tournés vers les négociations sur le plastique de décembre, alors que de nouveaux signes suggèrent que les pays pourraient ne pas parvenir à un accord sur la réduction de la production.


Une manifestation orchestrée par des membres de la société civile a également eu lieu dans la zone bleue de la COP16, pour dénoncer l’arrestation et l’assassinat de défenseurs de l’environnement. Selon un rapport de Global Witness publié en 2024, le nombre d’activistes environnementaux tués s’élevait à 196 pour l’année 2023. Le pays comptant le plus de victimes était la Colombie, suivie de près par d’autres États d’Amérique du Sud, comme le Brésil et le Honduras. Soulignons que la moitié des victimes dans le monde étaient issues de communautés autochtones.


Le sprint final

La COP doit normalement se terminer le 1er novembre, mais il est fort probable qu’elle se prolonge durant la nuit du 2 novembre, étant donné que certains enjeux de négociations révèlent des positions très tranchées entre différents groupes de pays.


 
 

Mise à jour du 29 octobre


Arrivée des ministres à la COP16

Le 29 octobre marque l’arrivée de plus de 110 ministres, d’une vingtaine de vice-ministres et de six chefs d’État à Cali. Leur arrivée a laissé place aux ministerial high-level segments, une plénière à l’occasion de laquelle les ministres ont pris la parole afin d’énoncer leurs positions et attentes en vue de la dernière semaine de négociations. La présence ministérielle doit procurer une impulsion supplémentaire, un deuxième souffle aux négociations, afin de passer à travers le segment le plus critique des négociations lors duquel les barrières politiques sont les plus résistantes. 


Dans le but d’indiquer aux ministres l’heure juste, les Parties ont effectué un travail de taille afin d’épurer les textes de négociation, en enlevant le plus de crochets possible. Cet exercice faisant le point sur les textes qui ont été travaillés durant les intersessions et durant la première semaine de COP16 a pris de nombreuses heures de concertation, amenant les Parties à s’ouvrir davantage aux compromis. À partir des versions mises à jour des textes, les ministres doivent avoir un portrait clair de l’état des négociations et des principaux points de désaccords qui restent à résoudre.


Annonces internationales et rapports

Lancement du G9 pour préserver l’Amazonie


Le 26 octobre, le G9 a vu le jour. Il s’agit d’une coalition unissant les voix des chefs des populations autochtones originaires des neuf pays amazoniens (Bolivie, Brésil, Colombie, Équateur, Guyana, Guyane française, Pérou, Suriname et Venezuela). Cette coalition a pour objectif d’influencer les positions politiques qui se prendront à la COP16 et au-delà, en faisant valoir l’importance et les points de vue des communautés qui sont les gardiennes de l’Amazonie. Le G9 est formé, à un moment critique en termes de déforestation, de feux de forêts, d’activités extractivistes illégales et de violation de droits humains dans la région amazonienne. Ce nouveau groupe prévoit dévoiler un programme conjoint, qui abordera la biodiversité et le climat de manière intégrée, à la COP30 (climat)  qui aura lieu au Brésil en 2025. 


Pays hôte de la COP17


Alors que l’intérêt de l'Azerbaïdjan pour accueillir la COP17 en 2026 était déjà connu, l’Arménie a annoncé lors des ministerial high-level segments qu’elle était également intéressée à recevoir la prochaine COP de biodiversité. Rappelons que l’accueil des COP s’inscrit dans un principe de rotation géographique et que l’accueil doit se faire sur une base volontaire. La COP 16 ayant actuellement lieu en Amérique du Sud, il est prévu que la COP17 se déroule au Moyen-Orient. Si deux pays ou plus se portent volontaires pour recevoir une COP, les Parties voteront ensuite pour déterminer où elle aura lieu.


Publication du Protected Planet Report 2024


Dévoilé la semaine avant le début de la COP16, le rapport Protected Planet Report 2024 met en évidence que la conservation du territoire terrestre et aquatique ne progresse pas suffisamment rapidement pour atteindre la cible 3 du Cadre mondial sur la biodiversité Kunming-Montréal. Il est donc important d’accélérer la cadence afin d’atteindre cette cible, qui vise la protection de 30 % du territoire mondial d’ici 2030. Il est d’ailleurs primordial de le faire dans une approche basée sur les droits humains qui  respecte les communautés qui y habitent. 


Soulignons également que, en plus de la protection du 30 %, l’intégration de la biodiversité dans l’ensemble des secteurs qui agissent et affectent le 70 % restant est un élément incontournable pour atteindre les cibles et objectifs du Cadre mondial. 


Où en sont les négociations?

L’avancement des négociations varie en fonction des sujets. Les négociations sur le financement et celles sur le partage des avantages découlant de l’utilisation des informations de séquençage numérique (DSI) issu des ressources génétiques sont parmi les négociations les plus ardues et un accord risque d’être trouvé seulement dans les dernières heures de la COP16. 


Dans les discussions concernant le financement, les plus grands blocages reposent, entre autres, sur la reconnaissance de la responsabilité historique des pays les plus industrialisés et sur la potentielle création d’un fonds dédié à la biodiversité qui serait à l’extérieur du Fonds environnemental mondial (FEM). Rappelons que, jusqu’à maintenant, le Fonds pour le Cadre mondial pour la biodiversité (GBFF) est sous le FEM. Quatre options sont actuellement sur la table quant au véhicule recueillant les ressources financières, mais les Parties peinent encore à parvenir à un accord sur l’une ou l’autre des options proposées. 


En revanche, les négociations sur le lien entre la santé et la biodiversité, ou encore celles sur l’article 8 j) (qui porte sur l’intégration des communautés autochtones), sont beaucoup plus avancées. Une version très épurée de ces textes devrait normalement être remise aux ministres ce mercredi 30 octobre afin de finaliser et approuver le contenu des textes.



Sommet des gouvernements infranationaux et annonces du Québec

Le 28 octobre, avait lieu le 8e Sommet des gouvernements infranationaux. Lors de cet événement organisé par ICLEI, les gouvernements infranationaux et les villes ont partagé de bonnes pratiques, des défis et des pistes de solutions afin de mettre en œuvre le Cadre mondial au niveau provincial et local. 


Le gouvernement du Québec en a profité pour présenter son Plan nature et pour annoncer une contribution au Fonds pour le Cadre mondial pour la biodiversité (GBFF) du FEM, positionnant ainsi le Québec comme le premier État infranational à verser une contribution dans le GBFF. Cette contribution de 2 millions de dollars (CAD) s’ajoute au montant de 200 millions de dollars (CAD) qui a été annoncée par le Canada en août 2023. D’autres pays présents à la COP16 ont également fait des annonces, pour un total de près de 160 millions de dollars (USD). Une mobilisation substantielle de ressources financières doit cependant encore être mobilisée afin de mobiliser au moins 200 milliards par année d’ici 2030, comme mentionné dans la cible 19 du cadre mondial.



Journées thématiques sur le rôle du privé et de la finance 

Les 27 et 28 octobre, de nombreux événements ont eu lieu concernant la nécessité de mobiliser le milieu des affaires dans les efforts de protection de la biodiversité (pensons aux flux d’investissements privés et aux chaînes de valeur des entreprises, par exemple). Les acteurs du secteur privé présents à la COP16 semblent s’entendre sur le besoin d’investir davantage dans les efforts de protection de la biodiversité. 


Le constat est toutefois clair dans la majorité des discussions qui ont lieu sur le sujet : il est temps d’adapter les cadres législatifs et réglementaires et de réorienter les subventions gouvernementales néfastes afin d’amener le secteur privé à adapter ses pratiques, de manière à les rendre compatibles avec la protection de la biodiversité. 


Certains regroupements du secteur privé, comme Business for Nature et Finance for Biodiversity, demandent que la COP16  adopte une décision rendant la reddition de comptes et la divulgation (reporting) obligatoire, afin que les entreprises soient dans l’obligation de communiquer de manière transparente leurs dépendances et impacts sur la biodiversité. Des acteurs financiers du Québec ont d’ailleurs publié une lettre ouverte à ce sujet le 28 octobre. La divulgation obligatoire pour les entreprises est une demande également portée par d’autres groupes de la société civile, comme les ONG environnementales et la jeunesse, non exclusivement. 


Plusieurs organisations et membres de la société civile se préoccupent aussi de certains concepts émergents, comme celui des crédits biodiversité, qui pourraient ouvrir la voie à de l’écoblanchiment et d’autres enjeux. Plusieurs groupes de la société civile perçoivent les crédits biodiversité comme des fausses solutions et appellent les Parties à prendre des mesures qui s’attaquent aux racines de la crise de la biodiversité, afin d’engendrer des changements transformateurs qui agissent en profondeur et qui permettent de remettre en question le business as usual.


Dans les corridors

L'occupation de la zone bleue, l’endroit où les délégations accréditées peuvent entrer et où se déroulent les négociations et ministerial high-level segments, a augmenté considérablement. Les délégations arrivent de plus en plus tôt et quittent les lieux de plus en plus tard. Depuis le 29 octobre, les négociations terminent aux alentours de 23h00, alors qu’elles finissaient vers 20h00 la semaine dernière.


Avec l’arrivée des ministres, les manifestations de la société civile ont également commencé, quoiqu’elles restent peu nombreuses pour l’instant. Le 29 octobre, une manifestation portait sur le besoin de prioriser des mesures transformatrices plutôt que des fausses solutions qui continueront d’amplifier la perte de biodiversité et creuser l’écart entre le financement requis et celui octroyé pour lutter contre le déclin de la biodiversité.



Dans les prochains jours

Les prochains jours seront cruciaux pour passer à travers les questions les plus litigieuses entre les Parties. La COP16 terminant le 1er novembre, des négociations finissant aux petites heures sont à venir. 



 
 

Mise à jour du 26 octobre


La COP16 a commencé le 21 octobre 2024. Alors que 12 000 personnes participantes étaient attendues, le compte s’élève déjà à 23 000. Il s’agit de la plus grande COP de biodiversité - la COP15 avait reçu environ 15 000 à Montréal en 2022. La sécurité est assurée par d’importants déploiements de corps policiers, tant sur les lieux de la COP que dans la ville en général.


L’espace de la COP est divisé en deux endroits : la zone bleue et la zone verte. La zone bleue est réservée aux délégations accréditées (gouvernementales et non gouvernementales). On y trouve des pavillons aux couleurs de divers pays, régions et thématiques. Notamment, la Place Québec est un grand endroit ouvert qui regroupe les hubs de plusieurs regroupements, dont les gouvernements infranationaux, le milieu de la recherche, les communautés autochtones et locales, le milieu des affaires, la jeunesse et plus encore.  


La zone verte, qui est ouverte aux personnes non accréditées, s’étend sur plusieurs kilomètres le long du Boulevard del Rio. S’agissant de la plus grande zone verte de l’histoire des COP de biodiversité, un nombre substantiel d’événements parallèles se déroulent aussi à la zone verte, alors qu’ils étaient généralement plus réservés à la zone bleue. L’éducation et la sensibilisation, notamment à travers l’art et la culture, sont au cœur de cette zone qui est ornementée par des murales, des fresques et de nombreuses expositions illustrant les 23 cibles du Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal. En date du 27 octobre, plus de 40 000 personnes ont visité la zone verte et 23 000 sont rentrées dans la zone bleue.


La thématique « COP de la gente » (COP des gens) se reflète dans la grande étendue de la zone verte, accessible à tout le monde, et dans la grande place qui est réservée aux communautés autochtones dans la zone verte comme dans la zone bleue. Toutefois, encore faut-il que les discussions des membres des sociétés civiles et des communautés autochtones se rendent aux tables de négociations.




Retour sur la plénière d'ouverte

À la suite de la cérémonie d’ouverture, la première plénière a mis la table pour le déroulement de la COP, alors que les États et différentes coalitions ont pu exprimer les attentes qu’ils souhaitent voir se matérialiser au terme de la COP16. La présidente de la cette COP, Susana Muhamad, a mis l’accent lors de cette plénière sur le fait que:


« La COP des gens doit mobiliser toute la société et renforcer le rôle des communautés autochtones et locales, qui sont les gardiennes de la biodiversité mondiale ».

Pour les pays du Sud global (dits pays en développement selon le langage de la CDB), la mobilisation de ressources financières et le partage des avantages découlant de l’information de séquençage numérique (DSI) des ressources génétiques sont ressorties comme des éléments clés, conformément à ce que les intersessions précédant la COP16 laissaient présager.


Du côté des pays du Nord (dits pays développés selon le langage de la CDB), les questions entourant les mécanismes de suivi, de reddition de comptes et d’indicateurs reliés à l’implémentation du Cadre mondial ont dominé les discours.


De manière transversale, le rôle majeur des communautés autochtones dans la protection de la biodiversité et la nécessité d’intégrer ces communautés dans la mise en œuvre du Cadre mondial ont été mis en évidence par plusieurs délégations, toutes régions confondues. Il n’y avait néanmoins pas consensus sur les modalités d’intégration de ces communautés. À  cet égard, notons que des négociations sont actuellement en cours afin de déterminer si le groupe de travail ad hoc (temporaire) sur l’article 8 j) - qui porte sur les savoirs traditionnels et autochtones - devrait devenir un organe subsidiaire permanent ou s’il devrait être dissout.


Des coalitions d’acteurs non étatiques se sont également prononcés, dont les suivantes :


  • Business for nature a mis l’accent sur la nécessité de rendre obligatoire la reddition de comptes et divulgation (reporting) des entreprises, afin que leurs dépendances et impacts sur la biodiversité soient évalués et connus de manière plus transparente. Il est donc demandé que les États acceptent d’adapter leur cadre législatif et réglementaire en ce sens;

  • Le secteur de la recherche (Research & Academia) a réitéré l’importance de baser la mise en oeuvre du Cadre mondial sur les meilleures données scientifiques disponibles, tout en offrant son soutien pour l’élaboration d’indicateurs, pour la réflexion de mesures d’implémentation et pour mieux comprendre les synergies avec d’autres crises, comme celle des changements climatiques ou encore les impacts socio-économiques;

  • L’International Indigenous Forum on Biodiversity (IIFB) a appelé les Parties à transformer le groupe de travail ad hoc sur l’article 8 j) en organe subsidiaire permanent, afin de favoriser une prise en compte permanente des communautés autochtones dans le cadre des travaux de la CDB. L’IIFB a également demandé d’inclure les populations autochtones dans la gouvernance des DSI ainsi que dans l’implémentation du Cadre mondial, considérant leurs droits et leurs rapports déjà harmonieux avec la nature;

  • Le Global Youth Biodiversity Network (GYBN) a souligné l’importance d’intégrer la jeunesse, les femmes et les communautés autochtones dans les processus de mise en œuvre du Cadre mondial, tout en insistant sur la nécessité de réformer le système économique actuel qui est à l’origine du déclin sans précédent de la biodiversité;

  • CBD Alliance, qui représente officiellement les sociétés civiles auprès du secrétariat de la CDB, a appelé les Parties et les acteurs non gouvernementaux à faire preuve de vigilance face aux fausses solutions pouvant mener à l’exacerbation de la perte de biodiversité, à l’écoblanchiment et à un point de non retour. CBD Alliance invite vivement les acteurs à prioriser les changements transformateurs permettant de sortir du modèle dominant de business as usual.


Maintenant, les négociations entourant ces sujets se poursuivent dans les salles de négociation. Tant dans la zone bleue que dans la zone verte, des événements parallèles (side events) sur une vaste gamme de sujets se déroulent avec une variété d’acteurs gouvernementaux et de la société civile, y compris les ONG environnementales, les communautés autochtones, le milieu des affaires, le milieu de la recherche, les délégations de jeunes, les regroupements de femmes et plus encore.


  

La Journée Québec : des exemples d'initiatives d'acteurs québécois

Le 25 octobre s’est tenue la journée Québec, à l’occasion de laquelle divers intervenants de la société civile québécoise sont venus partager leurs initiatives en matière de biodiversité:


  • Le Ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec (MRIF) annonce l'appel à projets en innovation au bénéfice de la nature 2025-2027.

  • Fondaction, Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), Biodiversité Québec, SNAP Québec - Société pour la nature et les parcs présentent les indicateurs de biodiversité pour les investisseurs.

  • Habitat lance NatureInvest, un nouvel outil pour évaluer l'impact des investissements financiers sur la biodiversité.

  • SNAP Québec - Société pour la nature et les parcs continue le dialogue sur les causes sous-jacentes.

  • L'L’Union des producteurs agricoles (UPA) a présenté son engagement envers la biodiversité et discuté du Sommet agroenvironnemental et de sa déclaration commune.

  • Le Centre de recherche appliquée sur la biodiversité et les écosystèmes (CRABE) a présenté plusieurs de ses initiatives.

  • Écotech Québec était présent pour parler du rôle des technologies propres.

  • Tourisme Abitibi- Témiscamingue a présenté son pôle d'innovation en tourisme régénératif.

  • L'Association québécoise des organismes de coopération internationale et Avocats Sans Frontières sont venus présenter certains de leurs projets en collaboration avec des partenaires du Sud global. 



Crédit photo: Anne-Sophie Lapointe


Où en sont les négociations?

L’agenda de la COP16 est extrêmement chargé. Un esprit de collaboration majeur sera crucial pour parvenir à passer à travers l’agenda de négociation. Différentes trames de négociations se déroulent en simultané, dont, non exhaustivement :

  • La mobilisation des ressources financières ;

  • Le partage des avantages découlant de l’information de séquençage numérique (DSI) des ressources génétiques ;

  • Un nouveau programme de travail concernant l’article 8 j) ;

  • Le cadre de mise en oeuvre du Cadre mondial ;

  • L’éducation et la sensibilisation ;

  • La liaison entre le climat et la biodiversité.


En une semaine, les négociations ont avancé. Certains textes ont vu leur nombre de crochets diminuer, mais d’autres ont vu leur nombre de crochets augmenter. Par exemple, en date du 23 octobre, le texte portant sur le financement contenait près de 2000 crochets. Rappelons qu’une quantité élevée de crochets illustre une grande discordance entre les Parties négociant. 


Les négociations en cours de la COP16 ont pour objectif principal de mettre en œuvre la Cadre mondial qui a été adopté à la COP15 à Montréal. Si la vision du Cadre mondial à l’horizon 2050 est de vivre en harmonie avec la nature, les Parties ne semblent cependant pas s’entendre sur ce qui correspond concrètement à un monde où l’humanité vit harmonieusement avec la nature, du moins pour l’instant.



Dans les couloirs

Le besoin de lier la gouvernance du climat à celle de la biodiversité afin de rompre les silos est un sujet qui a été grandement abordé. Un momentum et un désir de saisir ces synergies se dessinent afin de mettre en place des politiques cohérentes et intégrées. Certains proposent même de mettre en place un organe subsidiaire permanent qui soit commun à la COP climat et à la COP biodiversité. 


Pour l’instant, très peu de manifestations de la société civile ont été organisées. C’est un élément qui semble être plutôt absent comparativement aux dernières COP climatiques et de biodiversité. Il est possible que ces manifestations surviennent lors de la deuxième semaine, lors de l’arrivée des ministres à Cali.


Le président du Brésil, Lula da Silva, a confirmé qu’il ne serait finalement pas présent lors de la deuxième semaine. Il s’agit d’une déception pour plusieurs acteurs qui s’attendaient à voir l’agenda amazonienne encore plus présente, en route vers la COP30 sur les changements climatiques qui aura lieu au Brésil en 2025.


Photo by IISD/ENB | Mike Muzurakis


Qu’est-ce qui est à suivre pour la deuxième semaine?

Lundi le 28 octobre, la deuxième semaine de négociations commence. Il s’agit d’une semaine décisive, alors que 110 ministres, une vingtaine de vice-ministres et au moins cinq chefs d’État sont attendus. Il est attendu que cette présence ministérielle amplifie la pression et rehausse l’ambition pour mettre en œuvre le Cadre mondial. 


Le présent article sera poursuivi au fur et à mesure du déroulement de la COP16, dans les prochains jours.


Pour mieux comprendre la COP

Nous avons élaboré un article décortiquant COP biodiversité : Qu’est-ce que c’est? Questions et réponses. Pour mieux comprendre les différentes composantes, acronymes et dynamiques de ces COP, nous vous invitons à le parcourir.


Pour en apprendre davantage sur le détail des négociations, nous vous invitons à consulter :


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