Lettre ouverte : Pour protéger la biodiversité, il faut du courage, de la cohérence et des actions concrètes
- David Roy
- il y a 6 jours
- 3 min de lecture
[LIRE DANS LE DEVOIR]
Le Plan Nature 2030 du gouvernement du Québec, lancé l’an dernier, semblait marquer un tournant : la protection de la nature devenait enfin une priorité. Pourtant, des décisions incohérentes et un manque de courage politique continuent de fragiliser notre biodiversité.
Des arguments trompeurs
Encore trop souvent, des décideurs autorisent la destruction de milieux naturels et contournent parfois les lois et les processus démocratiques pour y parvenir.
Pourquoi ? Au nom de l’économie, de l’intérêt public, de la transition énergétique ou même de la gestion des déchets. Et nous oublions malheureusement que la prospérité de nos sociétés dépend de la protection de la nature, comme le confirment les rapports de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).
Aucune redevance ni sanction ne peut compenser la perte des habitats naturels. Pour protéger une espèce, il faut préserver les écosystèmes. Pour la santé de la population, il faut également sauvegarder nos espaces naturels. La nature, notre maison, n’a pas de prix.
Les espaces naturels sont trop souvent considérés comme secondaires, comme des terrains à exploiter, ce qui dévalorise la richesse de la biodiversité et les contributions de la nature aux sociétés. Or, les « espaces verts » ne sont pas, de facto, des zones à développer, mais des actifs à protéger. Plus ils seront préservés et interconnectés, plus leur contribution à la qualité de vie et à la santé sera grande.
De fausses promesses ?
Le Plan Nature 2030, avec ses 14 cibles, insiste sur l’importance de protéger la biodiversité. Bien que certaines initiatives aient permis des progrès, sans des actions cohérentes à l’échelle de l’ensemble des décisions gouvernementales, il risque de ne rester qu’une promesse vide. Par exemple, la cible 9 du plan demande de renforcer l’intégration des considérations relatives à la biodiversité aux interventions de l’État. Pourtant, ce n’est pas ce que l’on constate ces derniers temps…
Pourquoi se doter d’un Plan Nature si les décideurs n’ont ni le courage, ni la vision, ni les outils, ni la capacité de prendre des décisions qui prennent réellement en compte la biodiversité ?
Il y a de l’espoir
Protéger la biodiversité n’est pas toujours facile, mais des changements profonds sont en cours. Des communautés, des entreprises, des biologistes, des professionnels du gouvernement, des municipalités et des écoles unissent leurs efforts pour mettre la nature au cœur de leurs priorités, tout en s’assurant de le faire dans une optique de transition juste, où tout le monde en ressort gagnant.
Ces groupes comprennent que protéger la nature aujourd’hui, c’est garantir la prospérité et la résilience de demain. Inversement, nuire à la biodiversité, c’est fragiliser notre avenir collectif. La destruction de la nature coûtera bien plus cher à terme que sa préservation.
Il n’y a ni économie ni bien-être à moyen et long terme sans la préservation de nos milieux naturels. L’opposition entre la nature et l’économie est un faux débat. En réalité, ces deux éléments sont indissociables et doivent aller de pair.
Notre message est clair.
À vous qui nous lisez : gardez espoir. De plus en plus de personnes, dans tous les secteurs, se battent pour préserver la nature. Et avec les élections à venir à tous les ordres de gouvernement, vous avez un pouvoir considérable.
À toutes les personnes élues et responsables de décisions : nous avons besoin de votre courage et de votre vision. Ce n’est pas le temps des excuses, mais celui d’écouter la science, de prendre en compte la volonté de la population et de mettre en œuvre des actions concrètes.
Signataires :
David Roy, directeur général, Ateliers pour la biodiversité
Bernice Chabot-Giguère, directrice générale, Association des biologistes du Québec
Patricia Clermont, coordonnatrice, Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME)
Charles-Édouard Têtu, analyste des politiques climatiques et énergétiques, Équiterre
Maxime Fortin Faubert, Ph.D., chercheur invité, Fondation David Suzuki
Anne-Josée Laquerre, directrice générale et co-initiatrice, Québec Net Positif
Leïla Cantave, responsable pour le Québec, Réseau action climat Canada (CAN-RAC)